Situé sur la rive gauche de l'Oise, au débouché du confluent de l'Aisne, Compiègne occupe une position géographique enviable qui l'a amené à jouer un rôle stratégique et militaire important.
Dès l'aube de son histoire, elle apparaît comme une place forte, ceinte de remparts et de fossés, point de passage vers le Nord et les Flandres durant tout le Moyen-Age.
Les guerres qui déchirent le royaume de France font d'elle un enjeu, parfois essentiel, et contraint la ville à se maintenir en état de défense. Elle doit engager des spécialistes, recrutés à l'année : artilleurs, canonniers, guetteurs, et au XVe siècle des francs-archers. Elle fournit également l'approvisionnement des armées de passage et le logement des troupes.
Quoiqu'elle perde ce statut de place forte, les XVIIe et XVIIIe siècles marquent l'apogée du Compiègne militaire et royal. Le roi se déplace entouré de troupes assurant sa protection, les parades, défilés et manœuvres. C'est le temps des grands "camps militaires". Quatorze camps se succèdent de 1666 à 1769. Le plus fameux reste le camp de Coudun en 1698 qui rassemble des dizaines de milliers de soldats et de spectateurs et dont le duc de Saint-Simon a laissé, dans ses mémoires, une relation fameuse. En 1764, fut testée, dans la plaine de Royallieu, la nouvelle artillerie conçue par l'ingénieur Gribeauval. 1769 voit le triomphe de Madame du Barry, la Dame de Compiègne.
De 1666 à 1847, il y eut à Compiègne seize camps de manœuvres ou d’instruction, pouvant durer plusieurs semaines, tous en présence du roi, et souvent de sa famille, et deux camps plutôt de rassemblement. La plupart des camps de manœuvres attirèrent, avec la cour, une foule considérable de curieux, et furent l’occasion de manifestations artistiques et littéraires dont certains témoignages demeurent ; ils firent aussi la prospérité du commerce et de l’artisanat et même les plus pauvres en bénéficièrent.